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ANNA

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Avant la crise, j’étais heureuse de vivre auprès de ma famille. J'allais toujours nager avec mes amis tous les samedis. Nous jouions aussi au basket et au volley-ball.

Un lundi matin, lorsque nous sommes arrivés à l’école, on nous a demandé de rentrer à la maison parce que les enseignants allaient faire grève. Nous sommes rentrés mais je ne sais pas vraiment ce qui s'est passé ensuite. Il y avait des coups de feu. Les gens se cachaient sous les lits, certains allaient se cacher chez des gens, des inconnus. Lorsque le calme est revenu, on nous a dit qu'un homme avait été abattu. Il est mort sur le coup. Nous ne pouvions plus aller à l’école.

Quand j'ai été promu en deuxième année, ma mère est morte et il a été décidé que je devais venir à Yaoundé avec ma tante. Cela fait trois ans que je suis ici. Tout
va bien pour moi. Je sais que j’ai de la chance par rapport à ceux qui sont restés dans les zones en guerre. Ma tante et moi rencontrons des difficultés, mais on tient bon. Nous ne mangeons pas toujours à notre faim. Des fois nous sommes tellement nombreux à la maison qu’il manque de place pour dormir.

A Bamenda, j'ai laissé mes grands-parents, mon père, mes deux frères et mes cousins. Je ne comprends pas pourquoi j'ai quitté ma maison et je n'ai aucune nouvelle de mes amis. J'aimerais bien y retourner pour voir ma famille et mes amis.

Quand j'étais à Bamenda, je voulais être médecin parce que j'ai vu comment la maladie faisait souffrir ma mère. Mais dans mon école, il n'y a pas de branche scientifique donc si je veux faire médecine, je dois changer d'école. Malheureusement pour moi mes parents n'ont pas les moyens financiers pour cela donc je ferai de l'agriculture plus tard.

Je n'ai aucun problème avec les francophones ici, ils m'acceptent parce que je parle bien le français même si parfois ils se moquent de moi parce que je viens
de Bamenda, mais on s'amuse ensemble. Je souhaite que le gouvernement arrête cette guerre parce que nous ne sommes pas ceux qui l’ont causée, mais aujourd'hui nous en souffrons, nous les civils.