Serange

SERANGE

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Bonjour !
La fille de mon oncle qui a été impliquée dans cette guerre s'appelle Hope. Elle vivait à Eclewundé avec sa famille quand la guerre a commencé.
Ce jour-là, elle était à la ferme avec ses parents pour travailler. A leur retour de la ferme des hommes armés étaient partout. Ils avaient encerclé le village. Les habitants étaient en panique, ils ne comprenaient pas ce qui se passait. Hope et ses parents ont fait le choix de fuir et de retourner aux champs, leur ferme. Ils y sont restés pendant des jours, craignant pour leur vie. Quand ils sont revenus au village, c’est le cœur meurtri qu’ils ont retrouvé leur maison. Elle était à moitié incendiée, pillée. Ils ont fui le village et cette fois-ci se sont cachés en brousse. Elle a vécu longtemps en brousse. Elle a fait deux ans sans aller à l’école car elle a été aussi incendiée. A force de vivre dans cette brousse et d’être le témoin d’atrocités causées par la guerre, Hope a perdu la raison.
Ses parents m’ont appelée pour me demander si je pouvais prendre ma nièce chez-moi à Yaoundé afin qu’elle retourne à l’école. Pour qu’elle retrouve un environnement moins violent. Je l’ai prise avec moi ici. Je l’ai inscrite avec beaucoup de difficultés dans une école de la place car elle n’avait aucun document (pas de bulletins de note, pas de papier d’identité) suite aux incendies de son école et de leur maison.
Cette crise a fait beaucoup de ravages dans ma famille. Aujourd'hui, ma tante n'a plus qu'une main, elle vit à Mutenguene. Des hommes armés étaient venus chercher son fils ; elle s’est interposée et ils ont tiré sur sa main. À cause de cela, je n'ai plus envie de rentrer dans mon village.
Jusqu'aujourd'hui, ses parents, mon oncle et sa femme, sont à Eclewundé. Ils vivent la guerre et ses affres au quotidien. Ils vivent entre leur maison et la forêt où ils se cachent lors des combats entre les belligérants.
Cette crise a profondément déstabilisé ma famille et moi. Ils ne sont pas heureux car ils n'ont plus de biens. Ils n'ont pas la paix. C’est triste. En quittant votre propre terre, votre propre maison, vous n'avez ni paix ni confort.
Les francophones ont de mauvaises intentions à notre égard. Quand ils entendent que vous êtes un anglophone, ils vous traitent comme un étranger. Je veux qu'ils comprennent que nous sommes tous des Camerounais. Ils doivent savoir que nous devons être unis malgré cette guerre.